Nous sommes à l’époque d’un besoin de spiritualité, d’une recherche de bonheur. La psychologie positive y trouve son compte. On vous dira de nourrir votre positivisme. On vous dira de faire des bonnes actions. On vous dira de méditer. On vous dira d’agir dans le respect des autres. On vous en dira tant de choses ! Et regardez les réseaux sociaux avec tous ses messages pour vous faire accéder au bonheur !
Et vous tenterez d’appliquer toutes ces belles propositions, bien décidé(e) à vous soulager, avide d’un futur meilleur, bien décidé(e) à vous engager. Et pourquoi pas puisque c’est vrai que ça fait du bien ! Mais pour combien de temps au juste ? Il y a toujours plus à faire, encore et encore, pour être bien !
Il y cependant quelque chose de fondamental que l’on oublie trop souvent : le fait d’être dans l’instant. Il ne s’agit pas simplement de se créer du positif dans l’instant, de s’imposer des actions ultra bonnes pour les autres pour se convaincre d’être une bonne personne, avec l’illusion d’aller mieux. Il s’agit d’être dans l’instant avec ce que l’on est véritablement.
Si vous vivez de la colère, pourquoi tenter de générer de la joie pour éloigner cette colère ? La colère ronge n’est-ce pas ? Vite évacuons-là de ce pas ! Refusons-lui son droit de cité ! On s’y donne bonne conscience. On se résonne : « je ne dois pas être en colère… c’est mauvais…. Je fais du mal aux autres… je sais que je me nuis en étant en colère… » Pour compenser, on arbore un grand sourire et on tait les mots propres et figurés à l’état réel des choses. On enfile le masque de la bienséance et on continue !
Pensez-vous vraiment que ça fonctionne ? Êtes-vous moins en colère pour autant ? Vous pouvez tenter d’y croire. Mais honnêtement, êtes-vous réellement plus joyeux ? Mais oui mais oui voyons !!!!! Ha les illusions, elles sont tenaces !
Alors on va méditer une heure par jour. On va faire du sport. On va faire du bénévolat. On va à l’église toutes les semaines…. On fait du bien l’espace d’un instant. Et le reste du temps ? Bien souvent, on est centré sur soi et on se convainc que l’action du moment va combler pour tous les instants. Où est la justesse alors ? Les plus grands mystiques, les vrais, vous diront qu’il n’y a qu’une chose à faire : s’observer tel que l’on est, avec ses forces et ses limites. Les réelles limites, pas les illusions de limites auxquelles on s’accroche pour éviter de s’engager dans quelque chose. Vous savez quand on se dit « je suis pas bon(ne) pour ça, je n’y arriverai jamais, je suis nul(le)…. » Ça c’est se convaincre de n’être pas grand-chose pour s’éviter de s’engager réellement dans la voie qui est la nôtre. Avant de vous insurger, de dénoncer le messager, regardez honnêtement, au fond de vous.
S’observer tel que l’on est c’est être présent à ses limites sans jugement, c’est accepter son ignorance, son aveuglement et sa propension à vouloir dominer et contrôler les situations. Lorsque l’on fait vraiment cela, avec bienveillance pour soi, les angoisses tombent d’elles-mêmes. On peut alors s’ouvrir pleinement à soi car on ne s’y renie pas. Se voir tel que l’on est est la porte d’entrée à une conscience de soi qui permet toutes les améliorations. Vous en doutez ? Qu’avez-vous à perdre à essayer ? Ça ne coûte vraiment pas grand-chose ! En fait, si ça coûte quelque chose : on y perd ses illusions.
Il n’y a aucun mantra qui vous amènera le nirvana autre que celui de vous observer dans l’action, à chaque instant. La méditation ce n’est pas assis pendant 30 minutes ou une heure, à tenter de fuir notre mental galopant. La méditation devrait se pratiquer dans l’instant, dans chaque instant, dans chaque pas que l’on fait, dans chaque parole qu’on prononce, dans chacune de nos actions au quotidien. Pourquoi ça fonctionne quand on s’installe pendant un moment sur son coussin en lotus : parce que l’espace d’un moment on accède à l’observation et à l’acceptation de ce qui est. Mais ça ne dure pas car ensuite on s’évade dans ses illusions. Pour des bienfaits quotidiens par contre, l’important est de transporter notre état méditatif dans notre vie active, en observant, juste cela !
Prenez un exemple simple dans vos vies : observer les raisons réelles à prendre cette gâterie, à appeler telle personne, à répondre telle phrase. Juste observer le plus honnêtement du monde avec vous-même. Nul besoin de le mentionner haut et fort. Mais dans votre for intérieur, voyez l’effet de cette observation : avez-vous encore besoin de cette gâterie, d’appeler cette personne, de répondre cette phrase ? Vous pouvez toujours décider de l’agir quand même, mais cela se fera en toute conscience. Et cela est bien différent. Bien des souffrances n’ont plus lieu d’être lorsqu’on adopte cette attitude mystique spirituelle véritable. Essayez-donc pour voir et donnez-moi en des nouvelles si le cœur vous en dit.
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