Quel est le plus grand défi de l’humain ? Est-ce de savoir le plus de choses possibles ou bien de maîtriser le plus de choses possibles ? Si l’on considère que c’est la connaissance qui est garante de notre avenir, alors on a un petit, ou un gros, problème. Prenez pour exemple un savant et un touareg. Placez-les tous les deux au milieu du désert. D’après-vous qui va survivre ?
Il y a de bonnes chances que les deux survivent car le touareg sera d’une aide magistrale pour le savant et aura l’humanité de l’aider. Placez le touareg avec le savant dans une de nos villes occidentales et il y a de fortes chances que le touareg soit perdu en un rien de temps ainsi que sans domicile fixe à moins que le savant ne lui trouve un lieu adéquat ou qu’il ait l’humanité de l’héberger!
C’est peut-être un peu exagéré… mais pas tant que cela. On est expert dans notre environnement immédiat mais rapidement ignare dans des situations inusitées.
On prône dans nos sociétés industrialisées, développées, l’éducation comme moyen de sortir les gens de la pauvreté. C’est bien. Mais on devrait davantage apprendre aux personnes à fonctionner plutôt qu’à dépendre des théories qui, au final, ne fonctionnent jamais totalement comme elles le devraient une fois sur le terrain. Cela ne veut pas dire ne pas apprendre de théorie mais à quoi sert d’apprendre la programmation informatique sur papier sans jamais toucher à un ordinateur ? C’est fou n’est-ce pas ? Mais juste cet exemple est bien réel. J’ai moi-même été confrontée à un cours, scolaire, de programmation et sans jamais toucher un ordinateur ! Autant vous dire que j’ai tout oublié.
Avec l’internet et les réseaux sociaux, on n’a jamais été aussi branché(e) ni aussi proche de la connaissance et de la méconnaissance ! Bien des fausses nouvelles sont publiées, vous savez les fameuses « fake news » ? Bien des gens ne savent pas faire la différence entre une bonne information et une inventée de toute pièce. Beaucoup de gens aussi condamnent les autres sur la base d’une infime partie d’information et sous couvert d’un soi-disant anonymat virtuel. Beaucoup de gens surfent sur la toile web aussi bien que les meilleurs surfeurs de vague à Hawaii. Mais savent-ils vraiment discriminer et appliquer pour eux-mêmes toutes ces nouvelles ? Savent-ils vraiment se débrouiller lorsque tout ne roule pas rondement ? À ce propos, j’ai eu à donner un cours universitaire à de jeunes bacheliers. Tous bien habiles sur les réseaux sociaux et totalement perdus lorsqu’on leur demandait de faire des formules toutes simples, de base, dans leur chiffrier Excel !
En fait, on est tellement bombardés de nouvelles en tout genre qu’il est totalement impossible de toutes les mettre en application. Mais utilisons-nous seulement une partie de cette information à bon escient ? Quel est le but ultime d’un partage de nouvelles sur la toile de réseaux sociaux si on se regarde avec honnêteté ? Le cumul des « j’aime », la visibilité à tout crin sont des moteurs de partage incroyables. Les grands dirigeants du web l’ont très bien compris. Et tout cela pour relier les gens le plus possible.
Mais on a un problème important. Plus les gens sont connectés sur les réseaux, sur une toile web ou une autre, sur leur ordinateur, leur tablette, leur ordinateur intelligent…. Plus ils sont isolés et incapables de socialiser adéquatement avec les autres dans le réel, avec pour conséquence immédiate une certaine intolérance à toute critique ou réaction potentiellement négative. On adopte facilement le message texte plutôt que d’appeler notre interlocuteur par exemple.
Pendant un moment il y a eu la junk food. Maintenant il y a la junk news ! On ingurgite des tonnes d’informations, on relaye des tonnes de nouvelles, mais on n’applique que très peu de choses sensées pour soi et on est très peu dans les réseaux humains réels.
Vous me direz que j’exagère. Peut-être mais l’expérience me montre que si ce n’est pas tout à fait comme cela, on s’en rapproche dangereusement. Et vous verrez qu’alors que se déploie depuis quelque temps le mouvement « slow food » en réaction à la restauration rapide, la déconnexion virtuelle que certains préconisent sans être entendus actuellement, trouvera son chemin également. Après avoir fait bien des ravages tout comme la restauration aux calories vides réduit l’humanité aux conséquences de son obésité.
Savoir c’est bien, et c’est vrai que c’est mieux que d’être totalement ignorant. Mais savoir en conscience c’est encore mieux. Se positionner à chacune des informations qu’on voit en se demandant l’impact sur soi, sur les autres, sur les relations et l’humanité en général permettrait d’utiliser les informations à meilleur escient. Mais cela veut dire aussi accepter d’ingurgiter moins d’informations car on ne peut faire de l’accès rapide aux informations qu’en sacrifiant tout ce qu’il y a entre les lignes.
La réflexion est pourtant un moyen de garder nos neurones en santé, parmi tant d’autres. La réflexion personnelle est un moyen de sauvegarder notre liberté de pensée individuelle pour une conscience collective unifiée. Mais voyez comment nos cerveaux dégénèrent dans les sociétés actuelles. Et ce n’est pas qu’une question d’allongement de la durée de vie. À ce titre d’ailleurs, les moyennes d’âge se réduisent ! Nos capacités cognitives changent et pas pour le meilleur. Plus branché mais moins autonome… Alors à quand la consommation informationnelle consciente ?
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