Si vous grillez un feu rouge et qu’un représentant des lois routières vous a vu, il y a bien des chances que vous vous retrouviez avec une #contravention, même si votre infraction n’a touché personne. Pourquoi ? Parce que c’est une règle à suivre pour éviter de blesser d’autres personnes.
Si une personne invective une autre personne avec des #incivilités voire des attaques, il ne se passera probablement rien à moins que la personne cible ne porte #plainte et soit affectée suffisamment par la situation. Vous me direz que si on voit quelqu’un être harcelant, on va intervenir… Rien n’est moins sûr !
Où est la différence ? Dans le premier cas, on prévient, on réglemente avant l’atteinte. Mais dans le deuxième on intervient quand le mal est fait, et non avant.
Souvenez-vous du cas d’une politicienne harcelée par un homme mécontent de ses décisions. Parce qu’elle n’avait pas l’air d’être affectée, le #harceleur n’a pas été condamné pour ses actes. Cela aurait probablement changé les choses si son état avait été différent. Cela découle un peu de cette loi, telle qu’elle a été établie pour protéger les victimes de harcèlement. En fait, le harceleur est bien plus protégé. On comprend qu’il faut éviter d’accuser à tort, mais quand des actes répréhensibles ont lieu, ils devraient être punis, quel que soit leur impact. Cette espèce d’injustice a lieu dans bien d’autres domaines.
Voici ce que dit la loi sur le site web de la CNESST (https://www.cnt.gouv.qc.ca/en-cas-de/harcelement-psychologique-ou-sexuel/index.html#c4659)
Le harcèlement psychologique ou sexuel au travail est une conduite vexatoire qui se manifeste par des comportements, des paroles ou des gestes répétés qui :
sont hostiles ou non désirés
portent atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique de la personne salariée
rendent le milieu de travail néfaste
Et tout cela doit dépasser ce qu’une personne normale trouve correct dans son travail. Il y a une interprétation très large des #comportements, paroles ou gestes puisque cela dépend de comment on le reçoit. Mais surtout, il faut que la victime en soit affectée, une caractéristique essentielle lors d’une plainte.
Mais ce que les gens de loi oublient c’est que lorsqu’on est vraiment affecté, on en perd sa capacité de penser, de fonctionner, de dormir. On accumule, #stress, #angoisse, #culpabilité, erreurs de plus en plus importantes. Le milieu de travail n’est pas forcément néfaste. Mais pour que tout cela arrive, c’est que c’est déjà allé très loin ! Lorsqu’on est rendu(e) là, on n’est plus capable de relater les faits les plus significatifs, on n’est plus capable d’être cohérent(e), et, d’une description à l’autre les faits ne sont plus forcément décrits de la même manière, si on est encore capable de décrire. La victime perd toute sa #crédibilité.
Beaucoup d’accusations tombent lorsqu’on n’arrive pas à établir suffisamment d’éléments sérieux.
Voyez l’absurdité de la chose ! Quelqu’un qui s’acharne sur un autre, de manière démesurée, devrait en subir les conséquences même si l’autre n’a pas été abimé(e) par la chose. Il me semble que cela est fondamental. On n’attend pas que les chauffards tuent les gens pour leur imposer des contraventions. C’est vrai que beaucoup nous échappent. Mais en termes de harcèlement, c’est pire. On attend tellement pour arrêter les personnes irrespectueuses. On n’agit pas en prévention, mais en réaction. Et c’est affaire de subjectivité. Griller un feu rouge, c’est clair et non discutable. Mais avoir de comportements dits irrespectueux ne veut pas dire la même chose pour tout le monde.
Un autre problème se pose. Souvent les victimes sont aussi des personnes qui ont tendance à accumuler ce genre d’expériences en ne se rendant pas compte de la chose dans les débuts ou en espérant que cela cesse dans un autre milieu. Quand on cherche un peu et qu’on trouve d’autres situations, on pourrait être porté à croire que le problème vient de la victime, « petit être trop sensible », et que donc il serait déraisonnable de condamner les abuseurs qui dans le fond ne le seraient pas tant que cela ! Là encore, cela revient à valider les actes répréhensibles, il faut attendre l’impact, la déstructuration des victimes pour agir.
Bien que certaines personnes aient tendance à se mettre les pieds dans les plats et à tolérer, voire alimenter des situations harcelantes, cela ne rend pas pour autant acceptables les actes irrespectueux. Si l’on définit clairement une barrière au-delà de laquelle on est clair sur le fait que c’est irrespectueux, on n’a plus besoin de se soucier de la réaction des victimes. Ça, c’est de la prévention, comme le fait d’établir des règles de bonne conduite sur les routes.
Je ne suis pas juge ni même avocat, mais je vois trop souvent des causes se perdre pour les mauvaises raisons : la victime ne parvient pas à se défendre, ou encore elle sait se défendre auprès du harceleur, ou encore le milieu de travail réussit à se maintenir grâce à une certaine cohésion des équipes malgré les invectives, tout le monde ferme les yeux sur les lieux. Le harceleur n’est pas touché, peut continuer ses mauvaises manières. Et donc rien ne change.
Et vous savez quoi ? Pour ce qui est des réseaux sociaux, bien des gens ont tendance à balancer des horreurs sans filtrer leurs propos. On sait pourtant, on peut repérer la source de ces déversements agressifs. La majorité des gens qui se cachent derrière leur profil technologique ne sait pas comment envoyer des insultes via des adresses IP non retraçables. Les petits génies informatiques ne sont pas si nombreux et ceux-là ont plus à faire à vous arnaquer qu’à vous insulter de propos haineux. Les invectives du genre viennent surtout de personnes pauvres d’esprit qui auraient encore bien des choses à apprendre.
Alors, que font les dirigeants de nos sociétés réelles et virtuelles ? Ne sont-ils pas en train de protéger toutes les déviances dans leur inaction ? Qu’on ne me dise pas qu’on ne peut rien faire. Si vous émettez des propos islamophobes, si vous vous vantez de vouloir faire un crime, selon l’impact possible, vous allez être arrêté(e) rapidement, enfin presque. Il y a aussi bien des choses qui passent à travers le filet. Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas par contre, c’est qu’on n’a peut-être pas les ressources pour arrêter ce qu’on sait. Pour ce qui est du harcèlement, la loi oblige les organisations à intervenir dans un tel cas, lorsqu’elles en ont connaissance. Alors, elles ne regardent pas, ainsi elles ne voient pas et n’ont pas besoin d’intervenir !
Le respect des autres devrait être la première des conditions des relations. On peut ne pas être d’accord, on peut être en colère contre certaines choses, mais on ne peut pas déverser son fiel ou assoir son pouvoir sur autrui impunément. Pourtant actuellement on le fait très facilement, parce qu’il faut attendre que les personnes se sentent vraiment affectées pour que cela soit considéré.
Et malheureusement quand les personnes viennent consulter, c’est qu’elles ont déjà perdu beaucoup. Elles ont parfois perdu leur crédibilité en emploi. Elles peuvent même avoir carrément perdu leur emploi pour avoir manqué à leurs obligations, avoir mal fait leur travail, n’avoir pas répondu aux exigences… le tout découlant pourtant d’agissements inadéquats. Elles payent le prix, se retrouvent avec des dossiers professionnels entachés et incapables de monter un dossier pour porter plainte, leurs énergies ayant été lessivées. Et en plus elles doivent se payer une thérapie !
Voilà où on en est dans notre société. Les personnes doivent d’abord être des victimes, et non des personnes qui méritent le respect tout simplement.
Comment changer cela ?
Consulter avant de sombrer trop bas.
Remettre de la cohérence dans le discours grâce au fait qu’on a travaillé sur soi en thérapie.
Ne pas oublier de manifester l’état psychologique atteint lors des plaintes.
Amener les faits les plus poignants, accumulés, notés, vérifiables.
Tout cela ne peut se faire que si on a consulté en tout premier lieu lorsqu’on vit ces genres de difficultés, parce qu’autrement vous ne serez pas protégé(e) à votre juste valeur.
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