Quand on a un problème de plomberie, on appelle un plombier. Si on a besoin d’un branchement électrique, on fait affaire avec un électricien. Et si on vit une difficulté personnelle, on va consulter un(e) psychologue, un(e) psychothérapeute. Mais on tarde à le faire parce que cela coûte cher. On attend dans l’espoir que cela s’arrange tout seul. Et cela se comprend, les assurances ne couvrent pas la totalité des montants déboursés. Le plombier, on le paye une fois, il répare le bris, et c’est fini. Mais souvent quand on consulte un(e) psy----, cela prend bien plus qu’une séance n’est-ce pas ? Et on voit la facture monter assez rapidement. Y aurait-il moyen de rentabiliser votre argent ?
C’est possible mais selon certaines conditions propres à la personne qui vous reçoit et à vous-même.
1. Un spécialiste qui vous écoute vraiment.
C’est-à-dire qui a toute son attention pour que vous puissiez parler tout en vous sentant en sécurité. Cette sécurité est essentielle afin que vous puissiez dire tout ce qui serait nécessaire de dire, d’exprimer. La relation à votre consultant-thérapeute permettra ou pas ce sentiment de sécurité nécessaire à votre cheminement. Autrement vous êtes sur les freins et vous n’abordez pas le fond des choses. Cette sécurité peut s’installer petit à petit, mais s’il faut beaucoup de séances pour se sentir à l’aise, on a un problème. Cette sécurité n’est pas forcément là dès la première séance pour autant. C’est normal, il faut apprendre à se connaître tout de même. En général la première séance n’est qu’exploratoire et permet de faire connaissance. Cependant vous devez y découvrir comment ce spécialiste consulté va opérer pour vous aider dans votre démarche. S’il ne fait que vous écouter sans vous informer de sa manière de travailler, vous avez aussi un problème. Vous allez débourser longtemps.
Mais attention, vous écouter comme il se doit ne veut pas dire être d’accord avec tout ce qui vous allez dire. Le consultant thérapeute n’est pas là pour être d’accord avec vous mais pour vous permettre d’exprimer les choses en toute sécurité. Cela est important. Certaines personnes veulent consulter des spécialistes qui répondent aux attentes de suivre leur logique intérieure ou extérieure. Si la personne qui les écoute n’est pas de leur avis, elles disparaissent. Pourtant là n’est pas le but. Ne pas être d’accord ne veut pas dire juger. Parfois, les personnes se sentent jugées avant même de parler et si le thérapeute n’abonde pas dans leur sens, c’est comme un avis de non-recevoir pour elles. Quand un thérapeute peut se permettre de vous entendre tout en n’étant pas forcément de votre avis, cela vous permettra aussi de ne pas être sous son autorité de spécialiste, ce qui est dangereux. Être rassuré ne nécessite pas de suivre le bon vouloir de la personne qui vous a bien écouté. Vous restez le maître à bord, et c’est bien important. Cela va permettre le point suivant.
2. La possibilité de vous remettre en question
Souvent, on va consulter dans le but d’être écouté(e), que les choses changent mais sans trop bouger soi-même. C’est une erreur importante. « Je veux que ça change, tout de suite, mais c’est à vous de faire ces changements pour moi. Après tout c’est vous le(la) spécialiste ! » Vous, et seulement vous, êtes l’acteur du changement. Le spécialiste vous donne des pistes de réflexion, des idées d’action, vous accompagne pour que vous trouviez vos méthodes d’intervention propres. Et c’est là tout l’art du thérapeute en question. Il se peut que les pistes offertes, certaines réflexions ne cadrent pas tout à fait. Ce n’est pas grave en autant que cela permette votre évolution. Si cela vous coupe par contre, vous avez un problème. Le thérapeute n’est pas un devin, il ne peut savoir pour vous ce qui est mieux. Il peut décoder le moment où vous pourriez avoir de belles réflexions et stratégies et les soutenir mais en aucun temps il ne peut vous imposer sa propre logique. Par contre, il doit permettre ces moments de remises en question. Il faut beaucoup de formation pour être présent et vous permettre de trouver vos solutions sans imposer les siennes. Mais évidemment cela vient avec la responsabilité personnelle d’être l’acteur du changement. Cela va pouvoir se faire avec l’accompagnement adéquat.
Cette possibilité va découler du premier point en partie mais ne peut la précéder. Un thérapeute qui sait bien vous écouter vous permet d’explorer plus profondément ce que vous traversez plutôt que d’être la victime extérieure à la situation qui vous amène là. Mais un thérapeute qui ne sait que vous écouter ne vous a aidé que partiellement même s’il vous écoute pleinement. Enfin, disons qu’il va vous aider à en venir à cette remise en question, mais là encore vous allez débourser longtemps.
Vous devez pouvoir vous remettre en question dans la situation. Pas vous sentir coupable mais voir clairement et honnêtement votre position dans la situation. Et ce qui vous fait souffrir honnêtement. Car il y a ce qu’on dit ouvertement et ce qu’on vit profondément. Ce n’est pas toujours la même chose. Ce qui fait le plus mal bien souvent est sa responsabilité dans la situation, que l’on mélange avec la culpabilité. Au final on se sent tellement coupable qu’on n’arrive pas à se remettre en question. On préfère alors rendre l’autre, les autres, responsables, se dire victime et n’y voir aucun pouvoir personnel.
Le danger est de vous laisser exprimer ce que vous vivez, at vitam aeternam. C’est-à-dire que vous répétez à peu près la même histoire, sans vous y positionner et en espérant que vous y soyez, à un moment donné, ad nauseam ! À ce moment vous allez pouvoir changer. C’est ce moment charnière qui peut être transformé en productivité. Après tout, l’argent ne tombe pas du ciel, n’est-ce pas ? En tout cas, pas encore.
Mais pour passer de la rumination verbale à la recherche de ressources et solutions, cela prend un autre élément : VOTRE IMPLICATION, VOTRE DÉSIR DE CHANGEMENT. Mais bien sûr que vous voulez du changement, évidemment ! Autrement vous n’iriez pas consulter ! Vous vous impliquez puisque vous allez consulter. Sauf que l’implication personnelle au-delà du mouvement de consultation, c’est subtil. Ce n’est pas l’implication d’aller voir quelqu’un qui va résoudre son problème, mais bien l’implication de s’observer dans la vie, dans les évènements et de réfléchir, avec l’aide du thérapeute, à cette position et à comment faire autrement maintenant. Souvent on pense qu’on veut que ça change, mais on ne veut pas changer soi-même réellement, car cela impliquerait notre responsabilité. Et on confond trop souvent responsabilité et culpabilité, si on peut insister sur la différence. Cependant, c’est à ce seul moment que vous pourrez passer de l’état de souffrance à l’état de changement, lorsque vous pourrez relater une situation, y voir votre position et décider d’en prendre une autre.
Votre position, c’est quoi au juste ? C’est parfois votre incapacité à faire autrement mais que vous condamnez cependant plus ou moins secrètement. Ou encore votre contribution à la situation, c’est-à-dire vos actions qui ont créé ou permis la situation, et que vous ne pouvez tolérer, ce qui vous amène à vous sentir coupable plutôt que juste responsable. Voir sa part de responsabilité est très difficile. Et souvent on préfère tourner en rond plutôt que de passer à l’action avec honnêteté envers soi-même.
De fait, tant qu’on s’éloigne de la réalité en « mentant » aux autres, on peut passer un très grand nombre de séances à relater les choses, et dépenser beaucoup d’argent. Ce n’est pas bien grave, seulement coûteux. Mais ce qui est le plus dommageable est de se mentir à soi-même, en refusant de considérer sa propre personne et en se positionnant comme victime des évènements plutôt que comme acteur d’un changement, intégrant les limites, les erreurs et en faisant un trépied pour faire autrement.
Vous en voulez pour votre argent ? Commencez par décider de changer vous-même. Le reste se fera rapidement et vous serez gagnant sur bien des plans.
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