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Photo du rédacteurBlog CLINIQUE RESILESTE

En amont ou en aval ?

Disons que vous habitez près d’une rivière. C’est magnifique, vous bénéficiez d’un cadre environnemental magique. Mais voilà qu’un beau jour vous voyez des individus régulièrement dans cette rivière, en détresse… ils se noient. Mais que font-ils dans cette rivière ? Ils, parce que vous en avez vu passer plusieurs avec étonnement. Et cela vous interpelle bien sûr. Alors, vous vous approchez de la rivière, pour voir et tenter de sauver ces personnes qui s’y noient. Vous observez bien les lieux et, à chaque fois que vous tentez d’accrocher la personne au passage, vous la manquez. Mais vous affinez encore et encore. Vous engagez même une personne à poster là en permanence pour récupérer les individus au point idéal que vous avez réussi à déterminer et où on parvient à prendre le bras de la personne pour la faire sortir de l’eau. Vous y parvenez 9 fois sur 10, ce qui est vraiment bien. Vous ne comprenez pas pourquoi ces gens sont dans la rivière. Mais vous êtes bien occupé(e) à surveiller votre employé et à tenter de continuer votre vie.


Il était tellement important de récupérer ces gens au lieu de les laisser se noyer que vous ne pouviez pas vraiment vous intéresser à la cause du problème. Vous regardez un peu au loin, mais la configuration des lieux ne vous permet pas de voir en amont. Entre deux naufragés, vous prenez votre courage à deux mains pour aller voir ce qui se passe un peu plus haut. Il y a bien du monde, les gens s’entassent et il y a un fou furieux sur le pont, qui jette les gens dans la rivière, au hasard ! Ha ben, voilà d’où ils viennent tous ces gens.


C’est simple alors, il suffirait d’arrêter le fou en amont pour régler le problème, n’est-ce pas ? Ha, mais, encore faut-il y parvenir, c’est une autre histoire.


Bien que vous ayez une certaine motivation à vouloir arrêter cet individu, vous le trouvez assez impressionnant et n’osez pas vous en approcher. Alors vous retournez en aval, et continuez à surveiller votre employé pour récupérer les noyés. Ça prend bien de l’énergie, mais vous ne parvenez pas à faire autre chose. Et plus le temps passe, plus il y a de gens dans la rivière, parce que le fou furieux, lui, il affine sa stratégie et en jette plus facilement et rapidement. C’est tellement important que vous devez multiplier les personnes en aval pour récupérer, mais vous ne voyez toujours pas pourquoi le fou furieux jette tous ces gens à la rivière. Pour vous, récupérer tous ces gens, c’est coûteux et cela devient votre travail à temps plein de gérer tout cela.


Eh bien vous voyez, c’est un peu la même chose avec les pilules pour calmer les crises d’angoisse et l’anxiété. Ça calme, mais ça ne règle en rien la cause. C’est bien de calmer les choses, c’est certain, mais entre deux crises, ce serait encore mieux de monter en amont et d’arrêter l’abruti qui jette tout le monde par-dessus bord. Ce n’est pas que vous n’en avez pas le temps, mais tellement horrifié(e) par la chose, vous vous rétractez. De loin il a l’air tellement méchant que vous vous faites tout un monde à l’idée de l’approcher. Et vous ne voyez toujours pas la raison pour laquelle il jette les gens…


Vous pourriez aller chercher de l’aide en fait, mais tétanisé(e) par la peur, vous n’y parvenez pas. Pourtant vous êtes la référence pour prévenir et pour agir, sans cela, rien à faire…

Si vous prenez toutes sortes de comprimés pour calmer vos crises, tentez de voir comment vous pourriez aborder les raisons de vos crises. Autrement, vous allez en prendre pendant longtemps des pilules ! Ce pourrait ne pas être un problème après tout. En général, cependant, ce qu’on voit c’est tout de même des personnes bien fatiguées de prendre leurs pilules et qui doivent ajuster le tir constamment, augmenter les doses, changer de type de médication pour cause de perte d’effet, et en plus gérer les effets secondaires…. Et le fonctionnement n’est pas optimal, loin de là.


Pensez-y, pendant que vous récupérez les gens dans la rivière, vous ne faites rien d’autre et toute votre vie tourne autour de cela. C’est bien correct d’avoir peur de confronter le fou en amont et de se sentir plus confortable en aval. En plus, ça donne l’impression d’être héroïque de sauver les gens en aval. Imaginez cependant quelle médaille serait encore plus méritée d’arrêter le fou là-haut !


Si vous n’y parvenez pas seul(e), demandez de l’aide. Les fous, il faut souvent s’y prendre à plusieurs pour les maîtriser durant leur crise. Il est bien naturel de ne pouvoir lui faire face seul(e). Pour continuer notre parallèle avec la médication, l’aide pourrait être la consultation psychologique pour vous donner les outils de regarder ce qui se passe en amont, tandis que vous maîtrisez la situation en aval. Avec la consultation vous pourrez vous approcher pour maîtriser le fou en amont et ensuite construire un système plus sécuritaire pour qu’on ne puisse plus jeter les gens dans la rivière. Autrement, plus vous attendez, plus le fou là-haut affine sa stratégie et plus il faut calmer en aval.


Pour que cela change, il faut que vous le décidiez et que vous vous accordiez d’engager la bonne personne pour arrêter le fou et construire la barrière de sécurité. Ça a l’air plus cher au départ, c’est sûr, c’est un expert qui va intervenir pour stopper les choses en évitant le plus possible les dommages collatéraux. Mais ensuite, vous ne pensez pas que cela vous rapporterait de mettre vos énergies et votre motivation au bon endroit ?


Allez, faites-vous confiance ! Et en plus, en approchant du fou en question, vous pourriez réaliser quel est vraiment le problème. Poursuivons notre exemple. Le pauvre, il se sentait juste seul à gérer un afflux trop important de personnes sur le pont. Il y a un blocage, des roches ou je ne sais quoi d’autre, cela rétrécit le passage, un peu comme une congestion routière. Comme tout le monde ne peut pas passer de manière fluide, ce fou a simplement développé la stratégie d’en jeter quelques-uns par-dessus bord pour désengorger le pont. Mais tous les gens qu’il a jetés, ils reviennent ! Il y a un autre fou plus bas qui renvoie les gens en haut ! Quand vous arrivez, vous voyez enfin que votre intervention ne faisait que repousser le problème et que les intentions du soi-disant fou en amont n’étaient pas mauvaises. Mais chacun fait ce qu’il peut n’est-ce pas ? Avec la bonne communication, vous pouvez entrevoir non pas forcément d’installer une barrière de sécurité sur le pont, mais plutôt de dégager cet amas de roches en allant chercher le bon outil.


Souvent, il faut simplement décider de faire autrement. Il ne tient qu’à chacun de nous de faire autrement.



Alors, ouvrez les yeux et observez, tout d’un coup que ce n’est pas si terrible que cela et tout d’un coup que vous puissiez résoudre la situation au lieu d’éponger ? Faites-vous aider, à plusieurs on est toujours plus fort.


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